On est rentré, c’est le pied !


Cette fois, c’est clair : le voyage (celui-là !) est fini. Alors, je ne suis pas fille à regarder derrière, mais j’aime à penser que j’ai tiré des enseignements de cette expérience et je propose de vous les livrer ici ! Je sais, aujourd’hui, que mes souvenirs sont remplis d’amour et de joie. Je sais que j’ai profondément aimé cette vie nomade et la liberté qu’elle procure. Je sais qu’hier n’est plus et que je ne peux pas décider de ce que sera demain. Je sais que l’important n’est pas ce que l’on vit ou ce qu’on a vécu, mais ce qu’on en fait. Je sais que la peur me fait aller à l’opposé de mes aspirations. Je sais que le plus beau cadeau que je puisse m’offrir, c’est un regard apaisé sur ma vie et le temps d’en profiter. 

J’ai surtout compris que peu importe que l’on voyage ou non, peu importe combien de temps et où, peu importe notre modèle, ce qui compte c’est de vivre aligné avec ses convictions. 

C’est pour ça que ce retour me semble tout à fait positif pour nous, il n’est pas subi. Nous ne mettons pas en pause notre « vrai nous » pour réintégrer un rôle qui ne nous convient pas. Nous rentrons, avec en tête l’importance de vivre un quotidien en adéquation avec nos aspirations et nos valeurs. 

Nous sommes rentrés depuis deux semaines, nous allons bien, nous sommes heureux. Les enfants ont retrouvé avec une facilité déconcertante le chemin de l’école et se sont fait en quelques heures une jolie place au sein du collectif de Noèsis qui s’était considérablement agrandi depuis notre départ. J’ai, pour ma part, intégré l’équipe de l’école avec une joie non feinte. C’est un projet qui me tient fortement à cœur et je sens à quel point je vais pouvoir apporter, autant que je me sens nourrie. Il est agréable de se lever le matin avec entrain et de sourire à l’idée des nouveaux défis à relever. Et je suis ravie de passer à l’action et la concrétisation, après ce magnifique temps de retour vers soi et de partage familial qu’à été notre voyage.

Nous avançons également à grand pas dans notre projet d’habitat collectif. Nous sommes heureux de nous projeter dans une vie d’entraide et de complémentarité. Nous prenons plaisir à co-construire, à composer, à concrétiser, à rêver ! Actuellement, le groupe est en cours de constitution et l’aventure humaine a déjà démarré, nous n’avons pas fini de nous enrichir de l’autre... Nous commençons aussi à visiter quelques lieux, pour le plaisir et pour imaginer ce qui nous est accessible, mais nous savons que tout ça prendra du temps et que la priorité est un collectif stable et tourné vers des objectifs communs. 

Et puis, à côté de la mise en œuvre de tous ces beaux projets, on se repose : parce que l’on n’avait pas eu une activité quotidienne aussi soutenue depuis longtemps, et qu’on a clairement un rythme à reprendre ! 

Bref, ce retour est joyeux, intense et nous ne manquons pas d’occupations enthousiasmantes ! 
Nous n’avons aucun regret, mais beaucoup d’envies. 

« Le plus grand des voyageurs n'est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui même » Ghandi 










Le choix de la facilité ?


Il y a quelques temps, peu avant notre départ, j’avais écrit un post sur mon chemin de parent. L’envie me prend aujourd’hui de venir le déposer ici, à côté des quelques précédents qu’il vient compléter, voire expliquer. 

« Je lis souvent ces temps-ci que la parentalité bienveillante serait l’apanage des faibles. Le choix de ceux qui ne savent pas faire preuve d’une saine autorité. Pourtant, j’ai été une mère autoritaire. J’en ai d’ailleurs encore quelques réminiscences... J’ai même été reconnue pour «l’efficacité» de mon éducation. Et j’ai trouvé ça plutôt facile (et grisant, ce pouvoir absolu sur autrui ?). 

Mais ce n’était pas juste et j’avais cruellement conscience du rapport de pouvoir, majoritairement à l’œuvre dans ma relation à mon fils aîné. Forte de ce constat de faiblesse : celui d’une autorité facile et souvent injuste, sous couvert de «bonne éducation» (comprendre «qui produit des enfants répondant parfaitement aux attentes des adultes» ?), j’ai commencé mon long cheminement vers une parentalité différente. 

La parentalité consciente et respectueuse, le choix le plus difficile, le plus mobilisant, le plus énergivore, le plus questionnant que j’ai jamais fait.
Bon sang, qu’il a été compliqué de faire table rase de mes conditionnements pour repartir sur mes bases propres, qui m’appartiennent, qui soient en réelle adéquation avec ce que je suis ou ce que je crois !

Attention, il ne s’agit pas pour moi de suivre tête baissée un nouveau «mouvement» de parentalité, mais bien de me regarder en face, de l’intérieur. Et parfois ça fait mal. 
Il s’agit d’être capable de savoir pourquoi j’ai telle ou telle réaction avec mes enfants. De comprendre quelle est mon intention profonde, cachée derrière des prétextes et bonnes excuses en tous genres. 
Savoir qui je protège (mon pouvoir de domination adulte / enfant, ou la beauté de l’enfance en construction ?).
Il s’agit de me regarder avec honnêteté et de savoir me dire que «je me trompe», encore et toujours.

Je tâtonne, j’essaye. Je ne rejette pas en bloc l’éducation que j’ai reçue, je tente de la mettre en perspective. A l’aune de mes convictions, de mon vécu. A l’aune de mes connaissances nouvelles aussi, en neurosciences notamment.

Tout ce chemin est long, chaotique. Je suis loin de cette fameuse constance, érigée en clé ultime d’une «éducation réussie». Mais je suis sincère, je suis moi, avec mon enthousiasme et mes doutes. Et surtout avec ma volonté d’élever mes enfants en conscience, sans certitude, mais avec le cœur et en étant la plus authentique possible. 

Merci à vous, mes petits loups, de m’avoir fait tellement grandir, et de m’avoir contrainte à me regarder être, comme je le fais aujourd’hui : sans concession, sans faux semblant. 

Aujourd’hui pour moi, parentalité rime avec accueil, authenticité, respect, écoute et confiance.
Aujourd’hui, j’ai compris que mes enfants valent autant que moi. Que leur avis a autant d’importance. Qu’ils méritent de se sentir libres d’être eux-mêmes et non ce que j’attends d’eux. 

Aujourd’hui, ma maison est beaucoup plus bruyante et bordélique (vivante ?) qu’avant. Mes enfants sont des raisonneurs désobéissants, ne se pliant pas aveuglément à une volonté supérieure détentrice de la vérité. 
Ils disent bonjour et au revoir quand ils le sentent (et quand ils le font, c’est avec le cœur), ils me disent non quand je leur demande quelque chose qui n’est pas juste pour eux, ils remettent les règles en question et les acceptent d’autant mieux qu’ils les comprennent, voire les co-construisent.

Bref, c’est un joyeux bazar, très loin de l’image de la petite famille modèle que j’ai pu un jour avoir en tête, mais ça me va bien (même si j’ai encore parfois du mal à assumer le regard de ceux qui pensent que je fais n’importe quoi...) ! 

Notre famille est joyeuse, aimante et vivante, et je ne voudrais revenir en arrière pour rien au monde. Je me sens plus forte que jamais dans mes choix et mes convictions, et je suis bien certaine de pas avoir suivi la voie de la facilité, par faiblesse. N’en déplaise à ceux qui le pensent. J’ai simplement suivi la voie de l’évidence, mon évidence »











C’est fini, j’arrête de parler...



Maintenant, il est temps que j’agisse. Manger végétarien et 98 % bio, acheter éthique et d’occasion, c’est bien, mais ça ne suffit pas. 
Je ne peux pas dire à mes enfants que l’heure est grave, mais ne rien faire. Ou ne pas faire assez.

Je crois que nous avons besoin de changer, vraiment, fondamentalement, nos modes de vie et la façon de les gouverner. Je crois que nos sociétés trop réglementées et assistées nous ont déresponsabilisés. Je crois que nous devons ré-apprendre d’urgence à prendre soin de nous et du vivant en général. Que nous devons quitter notre habit de défiance pour enfiler celui de l’amour inconditionnel. Je crois que la sobriété est gage de bonheur, qu’une vie simple et active, tournée vers l’autre et remplie de gratitude, est notre meilleure chance d’aller vers un monde plus apaisé. 

Je ne crois pas en la possibilité de faire changer nos politiques et je ne crois plus qu’avoir des idées et des envies suffise. Je crois que chacun de nous est responsable de la façon dont il contribue au climat, social d’abord, environnemental ensuite. Critiquer, commenter, râler, évaluer, c’est fini pour moi. Dire que l’on ne veut pas trop en faire, de peur de faire plus d’efforts que les autres, n’a plus de sens. Je ne peux pas changer le monde toute seule, je sais. Et je ne crois plus que les petits gestes individuels suffisent. Ils comptent, mais ils ne suffisent pas. Sauf qu’ils passent un message. Qu’ils ouvrent une voie. Qu’ils créent une ambiance. Qu’ils peuvent montrer l’exemple...

Alors maintenant, je décide de vivre en accord avec mes principes. De renoncer aux règles de la société et de l’institution, si ces règles vont à l’encontre des valeurs auxquelles je crois : l’amour et le respect de l’autre et du vivant en général. À ma façon, je m’engage. Je m’engage vers l’exemplarité, car nul doute que mes enfants retiendront et reproduiront mes actes et non mes mots. Je veux vivre dans un monde d’harmonie et de responsabilité de chacun pour lui-même. Je veux incarner mes idées. Je veux créer autour de moi un climat de confiance et de gratitude. 

Ici, je parle à la première personne, c’est ma tribune. Mais ces choix, nous les faisons à deux et à cinq. Nous sommes d’accord pour dire que profiter de la vie passe nécessairement par la protéger, envers et contre tout. Nous avons choisi d’adopter un mode de vie et d’organisation qui nous permette d’aligner ce que nous croyons avec ce que nous disons et ce que nous faisons. 

Et pour nous, ça passe par une vie régie par l’amour et non la peur. Ça passe par moins d’individualisme et plus de collectif, ça passe par moins d’emploi au service du capitalisme, mais plus de travail au service de la société. Ça passe par moins de consommation et plus de production. Ça passe par moins de dépendance et plus de partage. Ça veut dire moins subir et plus choisir. 

Nous voilà donc sur le chemin du retour, en train d’imaginer avec enthousiasme la suite de notre vie, au sein d’un lieu partagé avec tout plein d’autres belles énergies, un lieu vivant, joyeux, et surtout respectueux. Un lieu qui fera de son mieux pour montrer un chemin positif et optimiste. Tout est encore à créer, mais nous avons hâte de nous retrousser les manches pour ce nouveau projet ! 

On dit que le bonheur, c’est quand l’autre est heureux...