Le choix de la facilité ?


Il y a quelques temps, peu avant notre départ, j’avais écrit un post sur mon chemin de parent. L’envie me prend aujourd’hui de venir le déposer ici, à côté des quelques précédents qu’il vient compléter, voire expliquer. 

« Je lis souvent ces temps-ci que la parentalité bienveillante serait l’apanage des faibles. Le choix de ceux qui ne savent pas faire preuve d’une saine autorité. Pourtant, j’ai été une mère autoritaire. J’en ai d’ailleurs encore quelques réminiscences... J’ai même été reconnue pour «l’efficacité» de mon éducation. Et j’ai trouvé ça plutôt facile (et grisant, ce pouvoir absolu sur autrui ?). 

Mais ce n’était pas juste et j’avais cruellement conscience du rapport de pouvoir, majoritairement à l’œuvre dans ma relation à mon fils aîné. Forte de ce constat de faiblesse : celui d’une autorité facile et souvent injuste, sous couvert de «bonne éducation» (comprendre «qui produit des enfants répondant parfaitement aux attentes des adultes» ?), j’ai commencé mon long cheminement vers une parentalité différente. 

La parentalité consciente et respectueuse, le choix le plus difficile, le plus mobilisant, le plus énergivore, le plus questionnant que j’ai jamais fait.
Bon sang, qu’il a été compliqué de faire table rase de mes conditionnements pour repartir sur mes bases propres, qui m’appartiennent, qui soient en réelle adéquation avec ce que je suis ou ce que je crois !

Attention, il ne s’agit pas pour moi de suivre tête baissée un nouveau «mouvement» de parentalité, mais bien de me regarder en face, de l’intérieur. Et parfois ça fait mal. 
Il s’agit d’être capable de savoir pourquoi j’ai telle ou telle réaction avec mes enfants. De comprendre quelle est mon intention profonde, cachée derrière des prétextes et bonnes excuses en tous genres. 
Savoir qui je protège (mon pouvoir de domination adulte / enfant, ou la beauté de l’enfance en construction ?).
Il s’agit de me regarder avec honnêteté et de savoir me dire que «je me trompe», encore et toujours.

Je tâtonne, j’essaye. Je ne rejette pas en bloc l’éducation que j’ai reçue, je tente de la mettre en perspective. A l’aune de mes convictions, de mon vécu. A l’aune de mes connaissances nouvelles aussi, en neurosciences notamment.

Tout ce chemin est long, chaotique. Je suis loin de cette fameuse constance, érigée en clé ultime d’une «éducation réussie». Mais je suis sincère, je suis moi, avec mon enthousiasme et mes doutes. Et surtout avec ma volonté d’élever mes enfants en conscience, sans certitude, mais avec le cœur et en étant la plus authentique possible. 

Merci à vous, mes petits loups, de m’avoir fait tellement grandir, et de m’avoir contrainte à me regarder être, comme je le fais aujourd’hui : sans concession, sans faux semblant. 

Aujourd’hui pour moi, parentalité rime avec accueil, authenticité, respect, écoute et confiance.
Aujourd’hui, j’ai compris que mes enfants valent autant que moi. Que leur avis a autant d’importance. Qu’ils méritent de se sentir libres d’être eux-mêmes et non ce que j’attends d’eux. 

Aujourd’hui, ma maison est beaucoup plus bruyante et bordélique (vivante ?) qu’avant. Mes enfants sont des raisonneurs désobéissants, ne se pliant pas aveuglément à une volonté supérieure détentrice de la vérité. 
Ils disent bonjour et au revoir quand ils le sentent (et quand ils le font, c’est avec le cœur), ils me disent non quand je leur demande quelque chose qui n’est pas juste pour eux, ils remettent les règles en question et les acceptent d’autant mieux qu’ils les comprennent, voire les co-construisent.

Bref, c’est un joyeux bazar, très loin de l’image de la petite famille modèle que j’ai pu un jour avoir en tête, mais ça me va bien (même si j’ai encore parfois du mal à assumer le regard de ceux qui pensent que je fais n’importe quoi...) ! 

Notre famille est joyeuse, aimante et vivante, et je ne voudrais revenir en arrière pour rien au monde. Je me sens plus forte que jamais dans mes choix et mes convictions, et je suis bien certaine de pas avoir suivi la voie de la facilité, par faiblesse. N’en déplaise à ceux qui le pensent. J’ai simplement suivi la voie de l’évidence, mon évidence »











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