Le pouvoir de l’instant


Pour la première fois de ma vie, je découvre vraiment ce ressenti incroyable. Quand plus rien ne compte que maintenant. Quand tu te laisses totalement envahir par l’intensité du moment présent. 

Je n’ai jamais été une fille du passé. Je n’ai ni remords ni regrets. Jamais je n’ai dit « ah, si seulement j’avais fait ça, ou dit ci... ». Non, je ne suis pas en conflit avec mon passé, je chéris même ce qu’il a fait de moi. Mais je suis une anxieuse de l’avenir. J’ai toujours eu peur de ce qui allait arriver ensuite. Il me fallait préparer, organiser, tout millimétrer pour être sûre de bien maîtriser. Mais, et si ? Si j’avais oublié de prévoir quelque chose ? Si je n’avais pas assez d’argent pour ma retraite ?  Si on ne m’aimait plus ? Si je ratais ma vie ? Ces « si », aussi loin que je m’en souvienne, sont toujours venus ternir la saveur de mes aujourd’hui. 

Et puis ce voyage, en me déconnectant totalement d’une réalité quotidienne plus subie que choisie, m’a permis de retrouver le chemin de l’instant. J’ai appris à oublier de m’inquiéter. À me laisser porter, à être là, tout simplement, ici et maintenant. Et quand parfois, mes peurs me rattrapent, que je me remets à penser à demain, que mon cœur se noue à l’idée de ne pas maîtriser la suite... alors, je mesure le chemin parcouru. Je prends conscience que les jours d’insouciance sont de plus en plus nombreux. 

La paix, pour moi, c’est cette plénitude que tu ressens quand tu n’es plus en lutte contre ta vie. Quand tu ne cherches plus à faire rentrer les rondeurs du réel dans le carré de tes idées. Quand tu laisses ouverte la porte du possible, parce que tu as accepté de ne pas contrôler l’avenir. Car, qui sait : ce que la vie te réserve est peut-être bien plus ambitieux et incroyable que tout ce que tu aurais jamais osé espérer. La paix, c’est quand tu ne fais qu’un avec la vague, quand tu t’adaptes, que tu accueilles. Quand tu comprends que la partition n’est qu’un support, un guide pour commencer à jouer, mais que la musique est vivante, et qu’elle entraine instruments et musiciens sans qu’ils aient même besoin d’y penser. 

Bien sûr, il ne s’agit pas d’arrêter de faire, juste de ne plus être en guerre. Profiter de chaque seconde sans crainte, ni culpabilité. Comprendre que s’adapter ne veut pas dire renoncer. Être là, pleinement, et se nourrir du présent. 

"Après" et "plus tard" n’existent que dans mon imagination, je ne veux plus sacrifier mes aujourd’hui sur l’autel d’un demain hypothétique. Je choisis donc de simplement vivre chaque jour, en accord avec moi-même et mes convictions, car je crois que c'est le meilleur moyen de donner leur chance à mes aspirations. 








6 commentaires

  1. Trop bien écrit, j'adore vraiment. Encore !

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    1. Merci Blanche !! Promis j’ai encore quelques sujets en réserve : ce voyage est définitivement initiatique ! On t’embrasse tous...

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  2. C'est un bonheur de te lire. Belles photos. Une nouvelle vocation est née

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    1. Merci bel(le) inconnu(e) ! C’est très nourrissant de savoir que ceux qui me lisent aiment ...

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  3. On ne se connait pas, je connaissais Yves Marie par le travail , mais je prends vraiment plaisir à vous suivre lors de la publication de vos articles.
    Vos réflexions me permettent de me questionner et votre voyage me donne envie.
    Pour l'instant mon besoin de maîtriser m'en empêche encore mais j'y pense de plus en plus.
    Merci à vous.
    Séverine

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    1. Bonjour Séverine, Merci beaucoup pour ce partage ! Je suis heureuse si une seule petite graine a pu être plantée à la lecture de ces articles... Avec les bonnes conditions, qui sait, peut-être certaines pousseront-elles ? Je vous souhaite beaucoup de joie à avancer sur ce chemin !

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