Tribulations écolo-métaphysiques


Depuis que nous sommes partis, beaucoup de nos rencontres et expériences m’ont fait réfléchir à l’écologie (dans la dimension la plus large du terme). Voyager, c’est notamment mesurer à quel point il existe différentes façons de voir et de faire. Et prendre conscience que, si l’on s’abstient d’évaluer ces différences à l’aulne de notre propre échelle de valeurs, chaque pratique a sa raison d’être, son histoire, son explication.  

Visiter des pays comme la Roumanie, la Bulgarie, l’Albanie, etc. m’a fait ajuster mes attentes en matière de « propreté » en pleine nature : la gestion des déchets notamment, est loin d’être un budget prioritaire de leurs gouvernements. Mais j’ai pu également prendre conscience que le mode de vie de ces pays est globalement beaucoup moins « impactant » que le nôtre. Impossible de juger ces pratiques, comme bien d’autres : la question est beaucoup trop vaste et trop complexe pour que je puisse avoir un avis là-dessus.

Je me sens depuis longtemps concernée par l’écologie. Je sens que ma façon de vivre a un impact, que je peux maîtriser - à la fois sur la planète et sur les gens qui m’entourent, de près ou de loin, directement ou indirectement. En responsabilité sociétale, on appelle ça les « parties prenantes ». Il s’agit donc d’équilibrer la balance : assouvir mes besoins (et non mes envies), tout en ayant un impact le plus positif possible sur mon environnement au sens large. 

D’autre part, depuis quelques années nous avions entamé une migration progressive de la ville vers la campagne et j’ai pu réaliser que l’éloignement des sources de « consommation » potentielles était proportionnel à la baisse de mes « besoins ». Avec le voyage, ce sentiment est exacerbé : vivre à cinq dans 15 mètres carrés me permet de constater que nous n’avons pas réellement besoin de toutes ces choses que nous avions entassées jusque là. Voire même, que vivre sans tout ce bazar est libérateur, de temps comme d’esprit !

Aujourd’hui, et après une jolie pause dans un magnifique eco-camping en Slovénie - dont la réflexion écologique allait bien au-delà de la simple image de marque - ces questions m’assaillent de nouveau. Comment faire pour que la balance soit juste entre moi et le monde ? Pour ceux qui m’auront suivi jusqu’ici dans mes questions métaphysiques, je vous partage les quelques réflexions auxquelles j’en suis arrivée et je suis preneuse de vos avis et éclairages sur le sujet !

Plus ça va, plus je pressens que moi et l’autre, finalement c’est la même chose. Que je ne peux pas le respecter sans me respecter moi-même (et vice-versa). Que ce que j’impose au monde, je me l’impose à moi. Que j’appartiens à un tout dont je ne suis qu’une infime partie, mais non négligeable pour autant. Alors voilà, ça devient simple vu comme ça : me faire du bien passe par faire du bien à ce (ceux) qui m’entoure(nt). Et mon écologie personnelle est primordiale si je veux être capable de contribuer à l’Ecologie avec un grand E.

Autre élément, nous avons suivi avec YM quelques initiations à la permaculture. J’en ai retenu un point qui me semble fondamental : la permaculture c’est vivre dans un esprit permacole. C’est préserver le cycle. Faire en sorte de s’inscrire dans un mouvement naturel, dont l’impact sera quasiment réduit à néant. Rendre à la terre ce qui n’est pas consommé. N’utiliser que ce qui m’est nécessaire. Faire la différence entre besoin et envie...

En fait, dans beaucoup de domaines la réponse me semble être la même : qu’a prévu la nature ? Quel est l’ordre naturel des choses ? J’essaye de me poser la question dès que je m’interroge sur le bien fondé d’une pratique : en termes d’alimentation, en termes de santé, en termes de parentalité, en termes de consommation... Alors ok, je dois vivre avec mon temps, il ne s’agit pas de revenir au néolithique. Mais quand même, me poser cette question m’aide souvent à faire un choix entre deux options. D’ailleurs, je remets parfois en cause ce voyage en camping-car : je me dis qu’à pied ou en vélo, on irait moins vite, on serait plus près des gens qu’on croise et des lieux qu’on traverse. Notre impact serait meilleur. Oui mais... on aurait moins de confort, moins d’affaires, on irait moins loin. Juste milieu. Équilibre. Envies, besoins. 

Et puis finalement, j’en viens à me dire que, plus que d’économiser ci ou protéger ça, c’est notre mode de vie tout entier qui est à questionner. Nos priorités. Notre rapport au travail. Ce que nous croyons qui nous défini ou nous donne de la valeur. Notre relation au temps, à l’image. Notre conception de la famille, et du collectif en général. Notre vie régie par la (les) peur(s).

Je sens que j’aspire à une vie plus simple, à des priorités redéfinies. J’aimerais que mon impact soit au pire neutre, au mieux positif. Revenir à l’essentiel. Trouver ma valeur dans ce que je suis et non dans ce que j’ai ou ce que je fais... Je réalise que je puise mon bonheur dans les petits gestes simples du quotidien, dans le partage, l’échange, dans le temps dont je dispose pour profiter de l’instant, dans l’intention qui régit mes actes, dans la liberté que je m’accorde pour faire mes choix...

Bref, je n’ai pas vraiment de réponse, mais j’ai vraiment beaucoup de questions. Et puis, comme je voyage, j’ai du temps pour me les poser !! Et vous, ça vous travaille ? Vous avez trouvé le juste équilibre ? 






5 commentaires

  1. Vaste sujet o combien passionnant...et comme la vie est impermanence l'équilibre est toujours a chercher. Pour ma part, j'essaye d être juste avec moi même.si je suis en accord alors c'est déjà pas mal.
    J'ai comme une envie d 'aller voir la Slovénie , pourquoi pas en vélo avec nos loulous.des bisous.morgane

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  2. comme vous on se pose des questions.depuis 2 ans je consomme de moins en moins je me pose la question de l'utilité a chaque achat et ca marche meme a paris il suffit d en prendre conscience.et en voyage dans un espace réduit la question ne se pose pas'[land rover].la vie sur la route suffit a combler nos désirs.nous avons des amis qui sont en afrique et on fait le meme constat que vous que ces pays vus comme de gros pollueurs le sont beaucoup moins que nous .

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    1. Merci beaucoup pour ce partage ! Je suis bien d’accord que la vie sur les routes remet en question toute notre façon de consommer. Et c’est tant mieux !!

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  3. Bonjour, pouvez vous me donner le nom de l'éco camping de Slovénie? nous aussi nous consommons le moins possible, et avons le but de vivre en autarcie après notre grand voyage!!

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    1. Bonjour et désolée de ma réponse tardive : je viens de découvrir comment faire ! L’éco-camping est celui de Globoko (eco river camp). Bravo pour les ambitions, nous espérons aussi nous en approcher au maximum...

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