Immersion dans la vraie vie


Voilà quelques temps déjà que je voulais suivre cette formation sur le thème de la co-éducation. Mais avant tout, je rêvais de voir Pourgues «en vrai». De revoir ou rencontrer ceux qui ont un jour eu l’idée d’expérimenter le collectif «façon école démocratique», grandeur nature, dans leur «vraie vie» ! Il faut dire que la vie au sein d’un collectif nous travaille depuis longtemps. Il y a deux ans déjà, nous avions rencontré et hésité sérieusement à intégrer un habitat partagé dans le nord de l’ille et vilaine. 

Tout est parti d’une phrase qui s’est imprimée un jour dans mon esprit, tant elle résonnait en moi : «Il faut un village pour élever un enfant». 
Ce proverbe africain me semble tellement juste. Comment un enfant peut-il satisfaire sa soif d’expérience et d’influences s’il n’est entouré quotidiennement que de sa famille nucléaire et de deux ou trois professeurs ? Il m’a toujours semblé crucial que l’humain se nourrisse de multiples points de vue et façons de faire, qu’il puisse y adhérer et s’y opposer. 

D’autre part, notre société toujours plus individualiste ne me parait pas non plus satisfaisante. Je trouve le poids pesant sur les épaules des parents d’aujourd’hui beaucoup trop important et pas ou peu réparti. Je trouve la solitude imposée à nos aînés violente et dommageable, puisque nous privons les jeunes générations d’une transmission de savoirs et de savoir-être, qui ne peut se faire que dans le cadre d’un quotidien partagé. En outre, je crois que l’on ne grandit jamais autant qu’au contact de l’autre et que, rentrer chaque soir dans notre cocon ne nous permet pas de travailler suffisamment sur nous et ainsi d’avancer vers plus d’authenticité, plus de respect profond et plus d’accueil de la différence. 

Bref, nous réfléchissons depuis un moment à trouver le juste équilibre entre une trop petite famille à la richesse limitée et des collectifs sociétaux beaucoup trop gros à mon sens, ne permettant rien d’autre que l’anonymat. Il nous semble évident que si l’on va plus vite tous seuls, être ensemble permettrait d’aller beaucoup plus loin et de mieux utiliser et encourager les énergies individuelles. 

C’est dans cet état d’esprit et cette envie de toucher du doigt la réalité d’un collectif de vie que nous sommes arrivés à Pourgues. Pour la petite histoire, cet Ecovillage a donc été créé il y a trois ans par les fondateurs et sympathisants de deux écoles démocratiques parisiennes, qui voulaient expérimenter les outils du collectif démocratique de type Sudbury sur un groupe d’adultes et enfants de tous âges, hors d’un contexte scolaire. À Pourgues, les valeurs fondatrices sont donc liberté et respect. Et si des ambitions sont partagées par les habitants (autonomie alimentaire, énergétique, financière...), chacun est libre de contribuer comme il le souhaite à la mise en œuvre de ces projets. Pour aller plus loin sur le fonctionnement du Village, n’hésitez pas à consulter le site et le blog de celui-ci ! 

Nous voilà donc arrivés à Pourgues, pour une semaine de formation immersive sur le thème de la co-éducation au respect et à la liberté. J’ai suivi la formation toute la journée pendant qu’Yves-Marie et les enfants étaient plongés dans le grand bain du foisonnement collectif. Pendant ces journées, je me suis gorgée de partages et d’expériences qui m’ont permis de me reconnecter, en douceur mais avec force, à la mère que je souhaite être pour mes enfants. Cette formation, qui n’a de formation que le nom, pourrait s’apparenter à un parcours initiatique sur le chemin d’une parentalité apaisée et authentique. Nul besoin d’être convaincu par l’école démocratique pour se prêter à l’exercice, le but n’est pas de rallier des familles à une cause, mais bien de permettre aux parents présents, par le biais de nombreux ateliers tous très novateurs, de trouver la posture qui leur semble juste, pour eux comme pour leurs enfants. Difficile pour moi d’aller plus loin dans la description de cette expérience puisque justement, comme toute expérience, elle ne se raconte pas : elle se vit ! Mais je peux vous dire que j’en ressors pleine de gratitude, pour les trois formatrices qui nous ont accompagnés avec tact et délicatesse à travers ce processus parfois bouleversant mais toujours merveilleux. Ici, vous ne trouverez point de réponse toute faite à des questions «bateau», mais un guide bienveillant pour avancer jusqu’à vos propres réponses. (Et quelques beaux espaces pour exposer quand même ses problématiques concrètes et réfléchir ensemble à des solutions sur mesure...).

Quand à l’immersion dans le quotidien des villageois, elle fut passionnante, riche d’échanges sincères et authentiques, puisque portés par la liberté d’être là. Et source d’une très grande envie de participer aux diverses activités du lieu, envie encouragée par la beauté de l’endroit. Il m’a aussi semblé que, pour se sentir heureux et à sa place dans un collectif comme celui de Pourgues, le plus important n’est pas l’affinité que l’on a avec les membres (d’ailleurs celle-ci peut évoluer), mais bien la volonté chevillée au corps de préserver la liberté de chacun, en s’appuyant sur des règles de vie définies ensemble et pouvant être remises en question chaque semaine. D’autre part, une capacité à vivre chaque situation avec recul et volonté d’apprendre sur soi et la conviction que l’important n’est pas de changer l’autre, mais bien de se changer soi-même, m’apparaissent être des pré-requis fondamentaux pour garantir la pérennité du collectif. 

Je finirai par le constat que les enfants se sont tout de suite sentis chez eux sur ce formidable terrain de jeux qu’est Pourgues et notamment, qu’ils ont manifesté être en confiance avec tous les adultes présents, dès les premières minutes. Ce qui est un vrai baromètre dans notre cas, puisque loin d’être une situation systématique ! Nous ne les avons pas vu de la semaine, et c’était plutôt bon signe... 

Voilà, croyez-le ou non, nous sommes enchantés ! Reconnaissants d’avoir pu partager ces beaux moments avec ces hommes et ces femmes qui osent affirmer que respecter la liberté individuelle ne nuit pas à l’équilibre collectif. Nous repartons nourris, émus, touchés, enthousiastes ! 
Merci, merci du fond du cœur, Salma, Marjorie, Elfi, merci Ramïn, Baptiste, David, Xénia, Béa, Yohan, Benoit, Dora, Alex, Akina, Jonathan, Adrien, merci Liliana, merci Jérôme, même absent !  Merci Isaya, Zeya, Gaïa, Naeli, Iris, Luna, Jade, Gianni, Mia et Silhoé... et à très vite, on espère !












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