Illusion de liberté


Pour l’instant, nous avons donc choisi de traverser plutôt « rapidement » les pays visités sur notre route vers la Grèce. C’est une envie, certes, mais certains jours elle devient contrainte. Comme si cette décision créait un sentiment d’urgence (partagée). 

Pourquoi ? Avons-nous besoin de ces objectifs fixés, pour avancer ? Pourquoi est-il si difficile de simplement se laisser porter ? Qu’avons-nous peur de manquer ? 

Ce sentiment d’urgence m’interpelle, car il contraste avec notre état d’esprit général. Il est comme le fil qui nous rattache encore à notre « vie d’avant ». À cette course quotidienne que nous avons souhaité quitter, pour la regarder de façon plus distancée. Mais que, soyons honnêtes, nous avons nous-mêmes contribué à créer. 

« Oui, mais en Grèce, on va vraiment se poser ! ». C’est l’histoire de ma vie : un jour, plus tard, je ferais mieux. Demain je vais changer. Je vais mettre en pratique ces beaux discours et ces convictions. 
Quand j’aurai plus de temps, d’argent. 
Quand les enfants seront plus grands. 
Quand... 

Depuis longtemps déjà,  j’ai compris que tout peut s’arrêter demain. Mais jamais encore, je n’avais eu le courage de prendre les mesures nécessaires pour que chaque jour de ma vie n’ait rien à envier à demain. Ce voyage est une première étape, j’en suis heureuse et fière. Reste à rentrer dans le vrai voyage, celui qui s’impose à nous, sans que nous maîtrisions tout à l’avance. 

Ce matin est un matin de prise de conscience : rien ne nous attend, rien ne nous retient. Et paradoxalement, l’absence d’obligation force à se regarder en face et à s’interroger : quel est donc mon moteur, quand je suis libérée de mes « il faut » et des mes « je dois » ? Que fais-je par envie, que fais-je par devoir ? Heureusement, le voyage ne fait que commencer, je vais avoir le temps de vivre ces questions, avec délectation.

« On voyage pour changer. Non de lieu, mais d’idées » Hippolyte Taine. 



Aucun commentaire